
Prévention du mal de dos chez le cheval et adaptation de la selle
Santé
13/04/2022
Le saviez-vous ? Aujourd’hui, près d’un cheval sur deux souffre de mal de dos*. La pratique des différentes disciplines équestres est la première cause des dorsalgies qui sont d’ailleurs très rarement observées sur des chevaux non montés.
Pourquoi ? Des études antérieures** ont mis en lumière une corrélation entre le mal du dos chez le cheval et l’utilisation d’un équipement inadapté couplé d’une mauvaise répartition du poids du cavalier. L’attention apportée au choix du matériel est donc primordiale et l’adaptation du travail monté peut également avoir une grande importance au-delà du matériel utilisé.
Les signes du mal de dos chez votre cheval
Quelques signes assez fréquents peuvent attirer notre attention. Votre cheval peut parfois manifester un inconfort lié à la selle ou à la pratique de l’équitation de différentes manières. Vous vous êtes déjà peut-être retrouvé dans une de ces situations : lorsque votre cheval baisse les oreilles ou mord à l'approche d’une selle ou encore lorsqu’il ne se laisse pas sangler facilement (qui n’a jamais entendu “il se gonfle au moment du sanglage !”). Il est aussi possible de repérer une sensibilité au brossage au niveau du passage de sangle, du garrot, de la colonne vertébrale… Certains signes plus handicapants peuvent témoigner d’un dos douloureux :
- une boiterie
- une baisse de performance
- une modification des allures
- un refus devant certains exercices
- un changement de comportement
- un cheval qui ne se roule plus (ou moins)
- une apparition de raideurs musculaires
- une amyotrophie
- etc.
Les conséquences du mal de dos peuvent être multiples, elles se caractérisent fréquemment par une baisse de performance, une augmentation des frais de santé et de matériel, voire l’impossibilité de monter son cheval dans le pire des cas.
Le tips Le Nouvel Écuyer : Il est souvent recommandé de marcher son cheval pendant une vingtaine de minutes pour échauffer sa musculature, il est possible de demander des exercices de latéro-flexion, déplacements latéraux, tout en recherchant une attitude basse et ronde. On peut aussi favoriser une phase de galop en ligne droite ou sur de larges cercles avant de trotter. S'adapter c’est la clé ! Chaque cheval a des besoins différents, d’où la nécessité de se questionner sur le matériel à adopter ainsi que le travail à mettre en place.
Posture et matériel : une combinaison essentielle pour la performance du couple cheval/cavalier
La position du cavalier peut également avoir des impacts sur la santé du cheval. Qui ne s’est jamais fait reprendre sur sa position ? En effet, notre posture joue un rôle essentiel quant à la bonne locomotion et la compréhension du cheval.
Pourquoi travailler votre position ?
Le cavalier doit avoir en tête que sa posture influe sur le comportement de son cheval. Avoir une position équilibrée, c'est-à-dire en ayant un bassin neutre et en étant en équilibre au-dessus des pieds, va permettre au cavalier d’accompagner tous les mouvements du cheval sans le gêner. Il sera aussi plus facile d’être prêt à faire face à toutes les situations (coucou le fantôme dans le coin de la carrière), la communication et la connexion entre lui et sa monture sera de meilleure qualité. Pour avoir une bonne position à cheval, il ne faut pas hésiter à travailler ses basiques; refaire de la mise en selle par exemple, ou des exercices simples de rectitude. Alors oui, c’est parfois difficile mais vous vous remercierez ensuite, on vous l’assure ! Des moyens existent aujourd’hui pour apprendre à accepter son fonctionnement corporel, ses préférences motrices et s’en servir, nous y reviendrons dans un article dédié.
Qu’est-ce qu’une selle adaptée ?
Un équipement non adapté à la morphologie du cheval peut entraîner des zones de compressions, des frottements, des abrasions…Des points de pressions peuvent se créer sur le dos du cheval ce qui peut causer des blessures sur le long terme. Le but de la selle est de faire office de trait d’union entre le cheval et le cavalier. Elle permet de répartir équitablement le poids du cavalier. Il existe autant de selles que de pratiques équestres. Une selle adaptée doit tenir compte des disciplines exercées, de la morphologie du cheval et de celle du cavalier. Pour le cavalier, elle l’aide à obtenir un équilibre dit neutre sur le dos du cheval, c’est-à-dire que le bassin n’est ni antéversé ni rétroversé, elle doit minimiser les défauts posturaux. La taille du siège, qui se mesure en pouce, doit être soigneusement choisie en fonction de la morphologie (taille, poids, forme du bassin, écartement des ischions, et autres !) du cavalier.
Il est recommandé de se faire accompagner par un professionnel comme un sellier et/ou un saddle fitter pour choisir sa selle. En effet, l’état corporel de votre cheval et le votre déterminera souvent la marque à préférer. Il existe énormément de possibilités, de selles de conceptions différentes. Par exemple, une selle qui va à un poney, n’ira pas forcément à un cheval avec un garrot saillant. Pour schématiser, un matériel adéquat c’est : une selle - un cheval - un cavalier - une discipline.
Détection d’une selle inadaptée grâce au tapis capteurs de pression
À vos montoirs… Prêt, montez, analysez !
Des professionnels de la filière équine peuvent constater l’adaptation d’une selle ou non, mais certains détails sont invisibles à l’œil nu. Par exemple, on ne peut pas visualiser avec certitude la façon dont la selle repose lorsque le cheval est en mouvement. Durant nos tests, nous avons pu détecter diverses selles inadaptées, nous vous proposons d’en voir deux d’entre eux avec le cas d’une selle dite vrillée et le cas d’une selle qui fait pont. Des professionnels de la filière équine peuvent constater l’adaptation d’une selle ou non, mais certains détails sont invisibles à l’œil nu. Par exemple, on ne peut pas visualiser avec certitude la façon dont la selle repose lorsque le cheval est en mouvement.
Durant nos tests, nous avons pu détecter diverses selles inadaptées, nous vous proposons d’en voir deux d’entre eux avec le cas d’une selle dite vrillée et le cas d’une selle qui fait pont.
La selle avec arçon vrillé : On peut observer l’exemple d’une selle datant de 2004. Elle a appartenu à plusieurs cavaliers et n’a pas toujours été bien stockée et transportée. À l'œil nu, on peut voir que la selle est vrillée (à l’avant le pommeau est légèrement vrillé/tordu vers la gauche et à l’arrière, le troussequin est vrillé vers la droite), l’uniformité et l'équilibre de la selle est donc rompu. Le tapis capteur nous permet alors au cours d’une séance de vérifier nos hypothèses, comprendre et mesurer les impacts sur le dos du cheval. On repère des pics de pressions notamment à l'avant gauche et à l’arrière droit de la selle. Grâce aux enregistrements nous avons remarqué que ces pics ne sont pas réguliers ni répétables d’une foulée de trot à l’autre. De plus, sur le graphique on voit qu’il y a bien plus de pressions à droite qu’à gauche, ce qui prouve que la selle n’est pas stable du tout et par conséquent le cavalier se retrouve totalement déséquilibré. Cette selle, en plus d’être inadaptée pour le cheval, a aussi un impact négatif sur la posture du cavalier.
La selle qui “fait pont” : Autre exemple, cette fois ci avec une selle qui “fait pont”, en restant statique, on aurait pu croire que la selle pouvait convenir au cheval. En revanche, dès que le cheval s’est mis en mouvement (notamment au trot et galop) nous avons pu observer que la selle “faisait pont”, c'est-à-dire que la selle repose à l’avant et à l’arrière mais qu’au milieu il y a moins de contact voir plus de contact du tout sur le dos du cheval. Le tapis capteurs de pression aide le professionnel à détecter l’origine des points de pression : viennent-ils de la selle, du cavalier ou du cheval ? Le tout étant de savoir analyser ces pressions afin d’en tirer les bonnes conclusions. On observe grâce aux données récoltées, que les pressions ne sont pas homogènes : il y a très peu de pressions au centre de la selle comparé à l’avant et à l’arrière. Dans l’idée, plus les trois courbes sont proches et se ressemblent, plus les pressions exercées par la selle sont homogènes.*** En général, on cherche la stabilité et dans ce cas, la selle n’étant pas stable en mouvement, les pressions ne peuvent être régulières. Le bien être et la performance du couple utilisant cette selle peuvent être dégradés sur le long terme.
C’est pourquoi il est important d’essayer une selle en statique mais également en mouvement pour être sûr qu’elle soit adaptée à votre cheval et à vous !
Sources : * C.M.Mejdell & F- Aksnes, 2012
**Rapport de l’OSAV sur la recherche 2017 – 2020, Conseil fédéral Suisse “Santé du dos des chevaux de selle suisse – une étude globale”
*** Les pressions homogènes ne traduisent pas forcément une selle 100% adaptée. Il faut étudier les données au cas par cas et prendre en compte le cheval dans sa globalité.